Les amantes* création artistique KF, les 7-8 et 9 décembre 2017 au Théâtre de Poche de Hédé (35)

d'après le roman éponyme de Elfriede Jelinek


Notes de travail

Pour le jeu, nous partons du je. Nous touchons à une prise de parole qui ne place pas le récit dans un passé déconnecté de ce qui est traversé sur le plateau.
Ainsi la lisière entre paula et Rozenn et celle entre brigitte et Camille reste fine et ultra-sensible. Nous découvrons et éprouvons qu'avec la langue de Jelinek, quelque chose de la confidence, de la pensée profonde nous est livré. Camille et Rozenn nous donnent à entendre et à ressentir ce qu'elles traversent en portant les récits de brigitte et paula, avec la grande lucidité qui fait qu'on appelle un chat, un chat et en jouant avec nous de l'humour aussi que cela crée.
Dans l'espace, nous trouvons de plus en plus un plateau qui respire entre la parole portée directement et la vie parallèle. Il y a un espace qui se crée quand la comédienne vit l'épisode qu'elle nous livre et qui coexiste avec ce que vit l'autre pendant ce temps.
Les récits de brigitte et paula agissent sur elles-mêmes, sur l'espace, sur nous, grâce à une pensée toujours en mouvement, une pensée qui avance et sculpte les choses autour. Et ces deux histoires en font apparaître une autre plus grande, plus vaste, au-delà d'elles.
Avons exploré avec Gweltaz Chauviré à la lumière les espaces de la représentation en faisant des essais avec une toile peinte de 2m X 4m (prêtée à la compagnie) suspendue à la verticale au dessus de la scène, selon un format d’ écran en panavision. Les différentes recherches de matière auront permis à Juliette Philippe de définir ce qui sera la qualité de la toile. Sa matière à l’état brut sera proche de celle du lin dont la trame plus ou moins serrée laissera passer par transparence la lumière et la couleur. Une composition plastique conçue avec des toiles de trames différentes sera un support intéressant pour la lumière.
Dessinées à l’encre des formes et des lignes évoqueront un paysage de montagne ou la présence d’une usine par exemple. L’intérêt scénographique de la toile sera celui de varier les espaces de la représentation par le jeu de la réflexion de la lumière et celui de la transparence.
La toile suspendue est située au ¾ du plateau, maniée à l’aide d’une guinde par les comédiennes pendant le jeu, levée ou baissée à hauteur choisie, elle donnera à l’espace une profondeur de champ particulière selon les scènes.
La dimension minimale de l’espace de la représentation se définit pour un plateau de 10 m d’ouverture et de 8 m de profondeur.
Avec Jacques-Yves Lafontaine nous avons orienté la recherche de l’univers musical du spectacle vers une composition sonore inspirée de musique folklorique autrichienne.
À partir d’un thème orchestré avons imaginé plusieurs variations en remplaçant les instruments par d’autres sons, comme par exemple des rythmes de machine coudre ou bien encore des sons évocateurs de présence animale et organique.
La superposition des sons organiques avec la musique folklorique créant un frottement fait passer du réalisme au fantastique. Le même motif ou thème musical sera décliné de différentes façons au long du spectacle.
Des pas de danses et une approche chorégraphique inspirés de gestes de travail et de danses traditionnelles ont été imaginés par David Monceau marquant différents événements de l’histoire des personnages, Les Noces ou le travail à l’usine.

Juin 2017- Gaëlle Héraut, Camille Kerdellant, Rozenn Fournier